| Dr Mathieu Morau | ruminant,

Bien gérer le parasitisme est fondamental, pour les élevages professionnels comme pour les particuliers possédant quelques «tondeuses à gazons». Bien gérer le parasitisme est fondamental, pour les élevages professionnels comme pour les particuliers possédant quelques «tondeuses à gazons». [Mabel Amber @ Pixabay.com]

La gestion des parasites digestifs est un des piliers de la santé des moutons et des chèvres ! Si la mortalité liée aux parasites devient rare chez les bovins et chevaux aujourd’hui, ce n’est pas le cas chez les petits ruminants…

Bien gérer le parasitisme est fondamental, pour les élevages professionnels comme pour les particuliers possédant quelques « tondeuses à gazons ».

Voici un récapitulatif destiné à vous aider à améliorer la gestion du parasitisme chez vos animaux tout en préservant l’environnement !

Les principaux parasites des petits ruminants

Les cycles varient en fonction du parasite mais on a systématiquement une émission des œufs ou larves dans les selles Les cycles varient en fonction du parasite mais on a systématiquement une émission des œufs ou larves dans les selles [Gestion Raisonnée du parasitisme chez les bovins et ovins, NatAgriWal, 2016]

Plusieurs familles de parasites sont présentes chez les ovins et caprins&nbps;:

  • Les vers ronds regroupent différentes espèces localisées un peu partout dans l’organisme : panse, caillette, intestin, poumons… Nous simplifierons en 2 catégories :
    • Les strongles digestifs (nombreuses espèces dont la plus pathogène, Haemonchus contortus).
    • Les vers respiratoires ou dictyocaules.
  • Les vers plats ou ténias sont des vers présents dans l’intestin. Ils concernent surtout les agneaux et chevreaux.
  • Les douves regroupent 3 espèces principales : la grande douve et le paramphistome, présents dans les milieux humides et les eaux stagnantes, et la petite douve qui se trouve elle aussi bien en zone humide qu’en milieu sec. On peut les trouver dans le foie et la panse.
  • Les oestres (Oestrus ovis) sont des larves de mouche vivant à l’intérieur des cloisons nasales.

Pour chaque parasite (sauf le cas particulier des œstres), les animaux se contaminent en avalant les larves lors du pâturage. Les cycles varient en fonction du parasite mais on a systématiquement une émission des œufs ou larves dans les selles, ce qui nous permet de détecter les infestations par analyses coproscopiques.

L’impact parasitaire subit une importante variation saisonnière L’impact parasitaire subit une importante variation saisonnière [Gestion Raisonnée du parasitisme chez les bovins et ovins, NatAgriWal, 2016]

L’impact parasitaire subit une importante variation saisonnière. Ces variations sont dépendantes de la conduite d’élevage mais aussi fortement liées à la météo. On note 2 pics plus ou moins forts en fin de printemps et en automne. Chez nous, la courbe est toutefois un peu différente, avec le pic le plus important en automne.

Les symptômes chez les petits ruminants

Les strongles digestifs ont un l’impact clinique les plus important, en particulier Haemonchus contortus, le ver le plus pathogène et malheureusement prédominant chez nous.

Les symptômes observés sont un amaigrissement, une anémie et assez régulièrement la mort des animaux les plus infestés. Ils sont surtout observés lors des pics d’infestation, en fin de printemps ou à l’automne.

Système de notation FAMACH pour évaluer le degré d'anémie d'un animal Système de notation FAMACH pour évaluer le degré d'anémie d'un animal [6eme JTO, Ph. Jacquiet]

Les douves entraînent des symptômes assez proches (diarrhée, amaigrissement, anémie), mais qui sont surtout limités à la période automnale.

Il est très difficile de différencier cliniquement ces deux types d’infestations. Il faudra donc avoir recours aux analyses de selles pour adapter le traitement des animaux.

Les vers respiratoires et les œstres sont deux cas particuliers :

  • Les vers respiratoires sont à l’origine de la « bronchite vermineuse », qui se caractérise par de la toux et des pertes de croissance. On la rencontre essentiellement en été.
  • Les symptômes des œstres sont liés à la présence des larves dans les cloisons nasales, à l’origine d’éternuements, de pertes nasales purulentes et de difficultés respiratoires. C’est le seul parasite où les œufs ne sont pas retrouvés dans les selles ce qui complique le diagnostic.

Comment détecter et traiter les parasites ?

Analyses coproscopiques Analyses coproscopiques

La présence de parasites varie au cours de la saison mais est également très variable en fonction des individus. Tout l’enjeu réside dans 3 questions :

  • Quand traiter ?
  • Qui ?
  • Avec quoi ?

L’examen clinique est le premier outil. Il faut regarder en particulier l’état d’engraissement et les muqueuses des animaux de tous les individus. Pour cela il suffit de tirer la paupière inférieure vers le bas. Les images ci-contre permette d’apprécier les muqueuses des ovins. Plus elles sont blanches, plus l’animal est anémié et donc parasité.

Analyses coproscopiques Analyses coproscopiques

Toutefois, il faut bien regarder chaque individu car l’atteinte est très variable au sein du troupeau. D’autre part, ces signes sont généralement assez tardifs et lorsque l’on s’en aperçoit, l’infestation est souvent déjà importante.

Deux problèmes majeurs pour les traitements : la résistance aux antiparasitaires et leur impact environnemental

Bien gérer le parasitisme est fondamental, pour les élevages professionnels comme pour les particuliers possédant quelques «tondeuses à gazons». Bien gérer le parasitisme est fondamental, pour les élevages professionnels comme pour les particuliers possédant quelques «tondeuses à gazons». [Gestion Raisonnée du parasitisme chez les bovins et ovins, NatAgriWal, 2016]

Le premier obstacle rencontré par la gestion parasitaire est l’apparition de résistance des parasites aux molécules utilisées. Comme pour les bactéries et les antibiotiques, les parasites peuvent acquérir par sélection des mécanismes de résistance qui diminuent l’efficacité des traitements.

Ces résistances commencent à poser des très gros problèmes dans les filières ovines et caprines, avec parfois une impossibilité de traiter les animaux.

Notre arsenal thérapeutique étant limité, il est important d’adapter les protocoles pour éviter l’apparition de résistances. Plusieurs modes d’utilisation aggravent leur apparition et sont à bannir : sous-doser les traitements, utiliser systématiquement la même molécule, traiter trop souvent.

Le second point négatif fondamental est l’effet sur l’environnement. Quand vous vermifugez vos animaux, la molécule se retrouve dans les crottins, sous une forme toujours active ! Elle tue alors de nombreux insectes qui se nourrissent des crottins ou à proximité. Les plus connus sont les bousiers. Par effet domino, il y a moins de nourriture pour les oiseaux, les bouses sont moins dégradées et la biodiversité en pâtit ! Certaines molécules peuvent être détectées pendant plusieurs mois dans les crottins, voire plus d’un an pour la doramectine.

Cet effet néfaste est très variable selon les molécules employées, en particulier en fonction de leur rémanence (durée d’efficacité). L’impact maximal se situe au printemps, période où les insectes sont les plus présents. Il faut donc raisonner au maximum l’utilisation des vermifuges en tenant compte de la saison et du milieu de vie.

Le tableau ci-dessous vous conseillera dans les molécules à éviter lors du pâturage pour limiter les effets néfastes sur l’environnement.

Ce que nous vous conseillons : guide des bonnes pratiques

i. Réaliser des coproscopies régulièrement au cours de la saison

Afin d’anticiper les symptômes, il est très intéressant de faire des analyses régulières entre le printemps et l’automne. Nous réalisons en général des analyses mélangeant plusieurs individus afin d’estimer l’infestation moyenne du troupeau.

Comment faire une coproscopie ?

On prélève les crottes fraiches de 4 ou 5 individus, que l’on garde séparées et au réfrigérateur. Nous réaliserons ensuite un mélange à la clinique et un comptage des œufs de parasites sur le mélange. On détermine ainsi l’atteinte moyenne du troupeau.

Seule difficulté, les crottes doivent vraiment être fraiches pour une analyse fiable.

Pour les propriétaires de 2 ou 3 animaux, il est possible de réaliser des analyses individuelles et de cibler encore mieux les traitements.

Coût : 12€ TTC la coproscopie (individuelle ou de mélange).

Quand faire une coproscopie ?

La période à risque pour les parasites est essentiellement du printemps à l’automne. Il est donc conseillé de réaliser au moins 3 analyses entre avril et novembre.

Bien entendu, une analyse rapide est également conseillée dès qu’un animal malade est détecté.

Comment interpréter le résultat de la coproscopie de mélange ?

  • Strongles :
    • < 500 opg : risque faible, on ne traite pas,
    • Entre 500 et 1000 opg : traitement à discuter avec nous,
    • >500 opg : risque élevé, un traitement semble impératif.
  • Ténias : si présence chez les jeunes, un traitement vous sera conseillé.
  • Douves : La détection entraine impérativement un traitement. La stratégie sera à discuter selon le mode d’élevage.

ii. Contrôler l’efficacité des traitements après l’utilisation

Contrôler l’efficacité des traitements après l’utilisation Contrôler l’efficacité des traitements après l’utilisation [Gestion Raisonnée du parasitisme chez les bovins et ovins, NatAgriWal, 2016]

Vu les résistances existantes chez les petits ruminants, il est fondamental de vérifier que le traitement administré a été efficace. Il faut pour cela renouveler la coproscopie 14 jours après le traitement.

En comparant avec le premier résultat, on peut déterminer le niveau de résistance à chaque molécule dans l’élevage. Un résultat d’au moins 90% est attendu.

iii. Bien gérer ses prairies, pour limiter la nécessité des traitements

La gestion des prairies permet de réduire fortement la pression d’infestation. C’est le moyen préventif le plus efficace contre les verminoses afin d’éviter au maximum les traitements. Les mesures suivantes sont recommandées :

  • Limiter la charge à l’hectare des prairies : 2 à 3 UGB/ha (soit 13 à 20 ovin ou caprin/ha).
  • Mettre les jeunes animaux sur les prairies les moins à risque.
  • Assurer une bonne transition lors de l’entrée en prairie pour développer l’immunité.
  • Laisser les animaux pâturer sur une rotation de 7 semaines en évitant de les faire raser l’herbe au ras (les larves se concentrent près du sol).
  • Privilégier le co-pâturage avec des bovins ou des chevaux.
  • Faucher pour exposer les larves au soleil et les éliminer.

Points clés à retenir

Le parasitisme est le problème majeur des petits ruminants !

La bonne gestion combine traitements antiparasitaires et gestion des pâtures.

Les recettes miracles n’existent pas !

Seules les analyses coproscopiques permettent de prévenir les symptômes de façon précoce.

N’hésitez pas à nous demander conseil !

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